Borair Hamadani était un guerrier intrépide. Ses
prouesses dans les duels l'avaient rendu légendaire. Quand il avait compris
qu'Omar fls de Saad et ses soldats avaient l'intention de tuer l'Imam
al-Hussein, il s'était juré de leur faire goûter de son épée, cette épée qui
avait semé la terreur dans les cœurs de tant de valeureux guerriers... L'Imam
al-Hussein avait eu toutes les peines du monde à le retenir, et à lui faire
comprendre que son intention n'était pas d'attaquer l'ennemi, mais de mourir en
Martyrs.
C'est Borair Hamadani qui avait réuni tous les compagnons de l'Imam al-Hussein,
et qui les avait mis en garde contre une possible attaque surprise pendant la
nuit :
- Si le petit-fils de l'Envoyé de Dieu était tué de la sorte, alors que
nous-mêmes serions encore en vie, la honte et le déshonneur s'attacheraient à
nous jusqu'à la fin de nos jours. Quoi que nous fassions dans toute notre vie,
rien ne pourrait effacer cette infamie !
C'est aussi Borair Hamadani qui, une nuit, alors qu'il montait la garde, avait
surpris un échange de propos entre l'Imam al-Hussein et sa sœur Zaynab. Celle-ci
demandait à l'Imam s'il était sur de ses Chiites il pensait que ceux-ci
combattraient pour le défendre, ou s'il craignait qu'ils ne l'abandonnent.
Borair avait immédiatement réveillé tout le camp, s'était planté devant Zaynab
et, courbant la tête devant la fille de l'Imam Ali et de Fatima la
Resplendissante, lui avait déclaré que c'était pour lui une question d'honneur
de se battre et de mourir pour défendre l'Imam al-Hussein et la Famille du
prophète. Et Borair avait demandé à chacun des présents de donner la même
assurance à Zaynab.
C'est encore Borair Hamadani qui, voyant un enfant pleurer tant il avait soif,
s'était saisi d'une outre et, accompagné de quelques-uns des compagnons de
l'Imam al-Hussein, s'était frayé un chemin vers le fleuve, à travers les rangs
de l'armée ennemie. Les hommes d'Omar fils de Saad les avaient interpellés.
Borair avait répondu :
- Je suis Borair Hamadani, Chiite d'al-Hussein ! Je viens chercher de l'eau pour
donner à boire aux enfants qui meurent de soif !
Les soldats avaient répondu à Borair que lui et ses compagnons pouvaient boire
autant qu'ils le souhaitaient, mais que pas une goutte d'eau ne devait parvenir
au campement assiégé. Borair avait insisté, parlant de la souffrance des enfants
privés d'eau dans ce désert écrasé de chaleur. Les soldats s'étaient moqués de
lui et de ses sentiments. Alors Borair s'était mis en colère. Lui et la poignée
d'amis de l'Imam qui l'accompagnaient avaient en un instant dispersé le régiment
qui gardait les accès au fleuve. Et c'est le cœur rempli de satisfaction et de
fierté d'avoir rempli son devoir que Borair avait ramené au camp l'outre pleine
d'eau. Les enfants crièrent de joie en le voyant. Ils se précipitèrent pour
étancher leur soif... Hélas !
Dans leur hâte, les malheureux se bousculèrent, l'un d'entre eux tomba sur
l'outre qui éclata. Pas un ne put boire pas même une seule goutte ! Borair
n'avait pu retenir ses larmes, en voyant que tous ses efforts n'avaient servi à
rien...
Borair Hamadani s'avança sur le champ de bataille. Nombreux furent ceux, parmi
les ennemis, qui le précédèrent dans la mort. Puis Borair reçut enfin le Martyre
auquel il aspirait