Evoquer les Imams appartenant aux Gens de la Famille (Que la Paix de Dieu soit sur eux) c’est évoquer, à partir de leur statut de dirigeants, de chefs et de responsables, des cimes de spiritualité, de pensée, de jihâd et d’ouverture vis-à-vis de la réalité islamique toute entière.
L’Imam Moussa Ibn Jaafar al-Qazem
(Que la Paix de Dieu soit sur lui)
à vécu sa période en mettant le mouvement de la science au service des gens de
l’époque. En étudiant son œuvre à partir ceux qui ont été formés par lui et qui
ont transmis ses paroles, faits et gestes, nous constatons que son école
présente une diversité quant à ceux qui la fréquentaient pour s’y instruire. Son
école n’était pas une école sectaire qui se réduirait aux seules personnes qui
reconnaissaient son Imamat, car il était une référence pour tous les gens qui
étaient différents quant à leurs intérêts et occupations.
La grandeur des Gens de la Famille (Que
la Paix de Dieu soit sur eux) consistait dans celle de leur
rôle qui consistait, parlant de l’Imam al-Qazem
(Que la Paix de Dieu soit sur lui),
à scruter le mouvement et les tendances de la réalité ainsi que les points
négatifs qui pourraient s’introduire dans les profondeurs de la pensée islamique
par le biais d’une ligne déviante par ci ou d’un geste anarchique dans la
conscience par là…
D’où, l’Imam al-Qazem a fait face à
tous les nouveaux courants déviants qui ont essayé de s’imposer sur la réalité
islamique afin de la faire éloigner de la ligne droite. Il faisait face à ces
courants en leur opposant une pensée islamique pure et limpide qu’il a héritée
de ses pères (Que la Paix de Dieu soit
sur eux) qu’ils l’ont, eux-mêmes, héritée de leur grand-père le
Messager de Dieu (Que la Paix de Dieu
soit sur lui et sur sa famille), qui l’a, lui-même, reçue de
l’Ange Gabriel (Que la Paix de Dieu soit
sur lui), qui l’a, lui-même, reçue de Dieu, le Très-Haut.
L’Imam al-Qazem (Que la Paix de Dieu soit
sur lui) donnait toujours l’avis juste dans toutes les
controverses intellectuelles au niveau des questions doctrinales, légales et
conceptuelles islamiques. Dans toutes ses attitudes, il fournissait conseil aux
Musulmans pour tout ce qui concerne leurs affaires privées et publiques ainsi
que dans tous les domaines de leur vie.
La dévotion de l’Imam
(Que la Paix de Dieu soit sur lui)
Et maintenant, quels sont les traits les plus visibles de la personnalité de
l’Imam al-Qazem (Que la Paix de Dieu soit
sur lui) dans l’aspect général de sa vie considérée en tant que
fondement de la personnalité d’un homme porteur du Message, dans les
caractéristiques en relation avec la dimension intérieure où s’affirme la foi
universelle et la fidélité à Dieu, le Très-Haut, ainsi que l’amour qu’on Lui
porte dans l’état spontané qui s’ouvre à tous les sens de l’asservissement qui
anime le mystère de l’existence de l’âme humaine devant la divinité
miséricordieuse et toute-puissante, étant donné ce que nous inspire la notion de
se laisser entièrement diriger par Dieu, notion vécue par l’homme dans le
contexte de l’amour qu’il porte à Dieu et de la peur qu’il a de Dieu ?
C’est cette ambiance qui était
vécue par les Imams appartenants aux Gens de la Famille
(Que la Paix de Dieu soit sur eux)
dans l’exceptionnel climat dévotionnel qui s’incarnait dans leurs invocations et
leurs implorations humbles qui exprimaient tout ce qu’ils avaient dans leurs
cœurs et dans la totalité de leur être en matière d’ouverture à Dieu dans un
cadre animé de spiritualité sereine et d’où jaillissait un sentiment de pureté
spirituelle d’une âme qui fondait dans son sentiment de son existence qui a, en
tout, besoin de Dieu, le Très-Haut.
En examinant la voie de la foi gnostique dans la conduite des Gens de la Famille
(Que la Paix de Dieu soit sur eux)
et dans leurs implorations dont les significations ne plongeaient pas dans les
complications des philosophies gnostiques qui ont rejoint la pensée islamique à
partir des règles des pensée chez les autres, nous y remarquons un accord total
avec la vision coranique concernant Dieu et Ses attributs, Ses bienfaits et les
horizons de Sa grandeur. Tu ne constateras pas, en les lisant, la présence
d’aucune ambiance étrangère par rapport aux détails de l’ambiance coranique. Tu
y verras plutôt un mouvement coranique sur le plan des concepts, des sentiments
et des aspirations.
En allant plus en profondeur dans le contenu dévotionnel sur le plan de la
pensée et de la conduite, on ne constate dans l’œuvre des Imams
(Que la Paix de Dieu soit sur eux)
aucune sorte de rupture avec la vie telle qu’elle se présente à travers ses
causes et ses dispositions responsables. Tu trouveras plutôt un grand
attachement à la grande responsabilité qu’exige leur statut de dirigeants. C’est
pour cette raison que tu constateras que la vie des Imams
(Que la Paix de Dieu soit sur eux) est complètement remplie
d’activités pratiques et sociales auxquelles s’ajoutait leur activité
dévotionnelle qui représentait l’état spirituel ouvert à Dieu avec envie, avec
désir et avec beaucoup d’amour, qui font de l’attachement total au fait d’adorer
Dieu une exigence spirituelle représentative de l’état d’une âme qui invoque
Dieu afin de pouvoir trouver la voie vers Lui et non pas afin d’esquiver les
autres responsabilités. Il s’agit là d’un genre de dévotion qui exprime le
caractère profond d’un amour qu’on porte à Dieu en se soumettant à Lui et en
L’implorant dans l’ambiance de Sa sacralité et de Sa satisfaction. C’est à cela
que nous pensons en lisant des paroles que l’Imam al-Qazem
(Que la Paix de Dieu soit sur lui) a dit alors qu’il était en
prison : « Seigneur ! Tu sais que je t’invoquais de m’aider à consacrer tout
mon temps à T’adorer. Seigneur ! Tu l’as fais. Seigneur ! Gloire à Toi ! »
(1).
Nous voyons ainsi comment l’Imam al-Qazem
(Que la Paix de Dieu soit sur lui) a-t-il fait de son
emprisonnement une occasion d’adoration continue semblable à son état en dehors
de la prison, état qui était dominé par la joie spirituelle née de sa relation
avec Dieu.
C’est l’état des amis de Dieu où l’amour qu’ils portent à Dieu ne leur laisse pas le loisir de s’occuper des peines mineures. L’histoire nous apprend que lorsque Hârûn ar-Rashîd a envoyé l’Imam al-Qazem (Que la Paix de Dieu soit sur lui) à Basra pour y être emprisonné durant une année entière dans la maison de l’un des proches parents de Hârûn, à savoir ‘Issâ Fils de Moussa, celui-ci a pris soin d’observer l’Imam (Que la Paix de Dieu soit sur lui) tout au long de cette période pour savoir s’il allait souffrir et pour connaître ses affections.
Mais il ne voyait qu’une seule chose : L’Imam occupé à adorer Dieu. Il n’a rien dit de mauvais contre cet homme qui l’emprisonnait ni contre Hârûn ar-Rashîd. Il a toujours été occupé par ses prières et par les implorations qu’il adressait à son Seigneur.
Et lorsque Hârûn ar-Rashîd a
demandé à ‘Issâ Fils de Moussa de le tuer, celui-ci lui a écrit la lettre
suivante : « O Commandeur des croyants, tu m’as écrit pour m’ordonner de tuer
cet homme. Je l’ai mis tout le temps à l’épreuve en chargeant des espions
expérimentés de l’espionner afin de connaître ce qu’il fait et quelles sont ses
intentions. Il n’a rien fait de mal. Il n’ambitionnait pas le pouvoir, ne
comptait pas se révolter ou chercher les affaires de ce bas-monde. Il ne faisait
qu’implorer le pardon de Dieu et Sa miséricorde pour lui-même et pour tous les
Musulmans. Il persévérait à prier, à jeûner et à adorer Dieu. Que le commandeur
des croyants me dispense donc de le tuer, si cela lui plait, ou qu’il envoie
quelqu’un pour que je le lui livre, sinon je compte le libérer car je suis très
gêné ».
Ar-Rashîd a répondu positivement. Il a ramené l’Imam
(Que la Paix de Dieu soit sur lui)
à Bagdad où il l’a fait prisonnier sous la surveillance de son chambellan al-Fadl
Ibn ar-Rabî’ (2). Ce dernier avait de la
sympathie pour l’Imam (Que la Paix de
Dieu soit sur lui).
L’un de ses visiteurs raconte
ce qui suit : « Je suis entré chez al-Fadl Ibn ar-Rabî’ et je l’ai trouvé assis
sur une terrasse. Il m’a dit : ‘Approche-toi’. Je me suis approché et il m’a dit
: ‘regarde à l’intérieur de la pièce qui est en bas et dis-moi qu’est ce que tu
y vois’. J’ai dit : ‘Je vois un vêtement étalé par terre’. Il m’a dit : ‘regarde
bien !’. J’ai regardé et j’ai dit : ‘Je vois un homme prosterné’. Il m’a dit :
‘Le connais-tu ?’. J’ai dit que non. Alors il m’a dit : ‘C’est ton maître’. J’ai
dit : ‘Mais qui est mon maître ?’. Il m’a dit : ‘Tu fais semblant de l’ignorer
?’. J’ai dit : ‘Non ! Mais je ne sais pas que j’ai un maître’. Il m’a dit :
‘C’est Abû al-Hassan, Moussa Ibn Ja’far. Je le surveille jour et nuit. Il est
toujours comme tu le voix ; il fait la prière du matin, puis il se met à faire
une prière supplémentaire jusqu’au levé du soleil. Après quoi il se prosterne et
reste prosterné jusqu’à midi. Il avait demandé à un serviteur de le prévenir de
l’heure de la prière du midi.
Dès que celui-ci lui dit que c’est l’heure, il saute et il se met à prier sans
renouveler ses ablutions. Sache donc qu’on se prosternant, il ne s’est point
assoupi ni s’est point endormi…’
Puis il se prosterne jusqu’à l’heure de la prière de l’après-midi. Et dès qu’il
la termine, il recommence sa prosternation et la continue jusqu’à l’heure du
couché du soleil. Dès que le soleil se couche, il saute et se met à faire la
prière du soir, sans toujours avoir fait ce qui pourrait annuler ses ablutions.
Et il continue sa prière et ses suppléments de prière jusqu’à l’heure de la
prière de la nuit. Une fois terminé, il rompt son jeûne en mangeant un peut de
rôtis qu’on lui apporte. Puis il renouvelle ses ablutions, se prosterne, se lève
et se couche pour un petit moment avant de se relever, de renouveler ses
ablutions, de se lever et de se mettre à prier tout au long de la nuit jusqu’à
l’aube. Dès que le serviteur lui annonce l’aube, il saute pour s’acquitter de la
prière du matin. C’est ce qu’il fait depuis le moment où il se trouve sous ma
surveillance’.
Je lui ai dit : ‘Crains Dieu et ne lui fais rien qui pourrait te priver de la
bénédiction. Tu sais que personne ne leur a fait du mal sans qu’il ne soit privé
de la bénédiction’. Il m’a dit : ‘Ils m’ont donné plusieurs fois l’ordre de le
tuer. Je ne me suis pas exécuté. Je leur ai toujours dit que je ne le ferais
pas. Même s’ils me tue, je ne le ferais pas’ »
(3).
On lit dans l’histoire d'Abû al-Fidâ’ qui tient de la sœur d'as-Sindî Ibn Shâhak
le rapport suivant sur l’emprisonnement de l’Imam al-Qazem
(Que la Paix de Dieu soit sur lui)
dans la maison de son frère et sur ses adorations : « Une fois qu’il terminait
la prière de la nuit, il louait Dieu, Le glorifiait et L’invoquait jusqu’à
minuit. Puis il se levait et se mettait à prier jusqu’à l’aube. Après la prière
de l’aube, il invoquait Dieu jusqu’au levé du soleil. Puis il s’asseyait,
dormait et se réveillait pour la prière du midi. Il priait entre la prière du
soir et celle de la nuit. C’est ce qu’il faisait jusqu’au moment de sa mort »
(4).
Qu’inspirons-nous de cette conduite pour notre vie ?
C’est cette conduite que nous suggérons aux Musulmans dont les conditions dures
et difficiles les obligent à se trouver encastrés dans les prisons des injustes
et des tyrans, où ils subissent des épreuves horribles parmi celles qu’exercent
les geôliers pour les contraindre à renoncer à leurs positions, pour entamer
leur résistance et pour les obliger à prendre des attitudes soumises en leur
faisant miroiter des promesses de ne plus les torturer. Dans des situations
pareilles, les Musulmans peuvent puiser la spiritualité de la foi en Dieu en se
mettant à penser à Lui, à Lui la grandeur et la Gloire, en se mettant humblement
devant Lui pour Le prier et Le supplier afin qu’Il les réconforte en les faisant
spirituellement sortir de cette ambiance étouffante pour l’immense ambiance
ouverte aux horizons de Dieu, à Sa miséricorde, à Sa grâce et à Sa satisfaction…
Nous avons besoin de nous inspirer de cette conduite cultuelle que vivaient les
Imams, les Guides, parmi les Gens de la Famille
(Que la Paix de Dieu soit sur eux)
et surtout de celle de l’Imam al-Qazem (Que la Paix de
Dieu soit sur lui) dont nous venons d’en prendre connaissance.
C’est à cela que doit s’intéresser l’éducation islamique en formant les savants
et ceux qui appellent à Dieu, en soulignant la dimension spirituelle dans le
mouvement de l’ambiance cultuelle qui fait élever l’homme croyant vers les
horizons de la spiritualité suprême qui fait de la relation avec Dieu son but
ultime en ce qui concerne son action et sa vie dans le sens pratique auquel il
se prépare pour servir l’Islam, pour appeler à l’Islam, pour faire le jihâd pour
l’Islam et pour agir avec conséquence pour rendre l’Islam à la vie sur les plans
de l’autorité, de la loi, de la voie et de l’action universelle. Cela a besoin
d’une grande énergie spirituelle qui est celle de la pensée et de la pratique à
partir des innombrables défis qui sont lancés à la personne sous la forme de
motivations ou d’intimidations visant à la faire renoncer à ces attitudes, à la
faire dévier hors de la ligne ou pour mettre dans l’embarras la réalité
islamique à travers elle. La connaissance ne suffit pas pour protéger celui qui
connaît si elle n’est pas accompagnée de la foi qui s’approfondit dans l’esprit
qui anime la conscience de l’homme. De même, le fait d’appartenir au mouvement
islamique ne suffit pas pour garantir la loyauté des militants si cette
appartenance n’est pas fondée sur la pensée et sur l’action, car le militantisme
peut se transformer en une sorte de profession ou d’habitude.
L’énergie spirituelle est l’esprit de l’action, le mystère de la personnalité et
la condition de la constance. Il est indispensable que cette énergie soit
vivante par la pensée centrée sur les signes de Dieu, le Très-Haut, et les
paroles de Son Messager (Que la Paix de
Dieu soit sur lui) à partir de la capacité de prendre le
Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur
lui et sur sa famille) et les Membres de sa Famille
(Que la Paix de Dieu soit sur eux) comme exemples à suivre.
En s'arrêtant devant l’exemple de
l’Imam Moussa al-Qazem (Que la Paix de
Dieu soit sur lui), nous constatons la présence de cette
orientation dans ses faits et gestes. Al-Mufîd écrit dans son « Irshâd » ce qui
suit : « Abû al-Hassan, Moussa (Que la
Paix de Dieu soit sur lui), était le plus dévot parmi ses
contemporains, le plus versé dans la jurisprudence, le plus généreux et le plus
noble. On dit qu’il faisait les prières recommandées de la nuit et les
continuait jusqu’à l’heure de la prière de l’aube puis il enchaînait jusqu’au
levé du soleil. Là il se prosternait et n’arrêtait d’invoquer Dieu et de Le
glorifier avant midi. Il invoquait Dieu en disant : ‘Seigneur ! Je Te demande
le repos lors de la mort et le pardon lors du Jugement’. Il disait aussi : ‘Les
fautes de Ton serviteur sont grandes ; que Ton pardon soit aussi grand’. Il
pleurait jusqu’à ce que ses larmes couvraient sa barbe’ »
(5).
Al-Kulayni rapporte, dans son livre « al-Kâfî », d'Alî Ibn Ibrâhîm qui le tient
de son père ‘Abdullah Ibn al-Mugîra, qui le tient de Moussa Ibn Bakr, qui le
tient d'Abû Ibrâhîm al-Qazem (Que la Paix
de Dieu soit sur lui), qu’il a écrit sur un parchemin une
invocation où il est dit : « Seigneur ! Il T’est facile d’indemniser toutes
Tes créatures pour mes grandes et petites fautes que j’ai commises à leur égard.
Seigneur ! Fais-le à ma place car innombrables sont Tes grâces. Fais à ma place
tout ce que ma main, mon corps, ma certitude et mon âme n’ont pas eu la force de
faire. Ne laisse rien à récupérer à partir de mes bienfaits, ô Toi le plus
miséricordieux des miséricordieux ! ».
Et il ajoutait : « Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité si ce n’est Dieu,
Il n’a pas d’associé. Et je témoigne que Mohammad est Son serviteur et messager,
que la religion est celle qu’Il a instituée, que l’islam est tel qu’Il l’a
décrit, que le Livre est tel qu’Il l’a révélé, que la parole est telle qu’Il l’a
dite et que Dieu est la vérité évidente. Que Dieu évoque avec du bien Mohammad
et les Gens de sa Famille ; que le salut de Dieu soit sur Mohammad et les Gens
de sa Famille ! » (6).
Cette invocation présente un mode d’éducation dans le processus d’assainissement
psychique visant à se libérer de tous les aspects de la faiblesse humaine qui
pourraient conduire l’homme à agresser les autres, poussé à le faire par
certaines dispositions psychiques compliquées. Ce mode d’éducation consiste pour
l’homme à invoquer Dieu et à Lui solliciter la capacité de racheter les
injustices qu’il a commises à l’encontre des autres, que ces injustices soient
du genre financier sous la forme d’argent qu’il leur aurait extirpé ou du genre
physique sous la forme d’atteintes portées à leurs corps ou à leur honneur. Mais
s’il se sent incapable de le faire, il sollicite Dieu de le faire à sa place et
de récompenser de Sa grâce ceux qui sont maltraités, afin de se sentir absout et
recommencer une nouvelle vie exempte de toute injustice et de toute déviation…
Le problème que pose certaines pratiques erronées parmi celles commises par les
gens, surtout en ce qui concerne l’irrespect des droits des autres, est que ce
problème peut devenir un complexe impossible à résoudre dont les racines peuvent
aller très profondément dans l’âme. L’homme devient ainsi complexé et ne pourra
plus s’ouvrir à la nouvelle vie pure et à l’abri des fautes.
L’invocation de l’Imam (Que la Paix de
Dieu soit sur lui) se termine comme nous l’avons vu, par une
déclaration que l’homme adresse à Dieu témoignant qu’il croit en Lui, en Son
Message, en Ses Livres et en Son Message. L’homme témoigne ainsi et s’engage à
suivre la ligne droite qui est celle de l’Islam authentique, de sorte qu’il
devient une expression de la discipline dans tous ses faits, gestes et rapports.
Nous pouvons constater que l’invocation islamique dont le modèle est représentée
par les invocations rapportées du Prophète
(Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) et des
Imams appartenant aux Gens de la Famille
(Que la Paix de Dieu soit sur eux), est un outil pratique fondé
sur la foi et qui engorge l’âme de pures inspirations qui permettent à l’homme
de bien comprendre les concepts justes et de bien éprouver les affections pures
à partir de son sentiment intérieur qu’il avoue en la présence de Dieu, et à
partir du soutien qu’il implore de Dieu pour le mettre à l’abri des conséquences
négatives de ses impressions. Cela rend l’homme encore plus capable de résoudre
ses problèmes parce qu’il est motivé par un sentiment intérieur et non pas
seulement par un conseil qu’il reçoit de l’extérieur.
Si ce modèle d’invocation présente un outil éducationnel dans le processus
d’assainissement psychique, il existe un autre modèle qui représente un outil
spirituel qui sert à approfondir les liens avec les frères croyants à partir de
l’inspiration intérieure consciente : Il s’agit d’invoquer Dieu pour les
croyants en leur absence.
On lit à ce propos dans « al-Kâfî » une Tradition rapportée par ‘Alî Ibn Ibrâhîm
qu’il tient de son père et qui dit : « J’ai vu ‘Abdullah Ibn Jandab à la station
(à ‘Arafât) et je n’ai jamais vu une conduite qui serait meilleure que la sienne.
Il levait ses mains vers le ciel et pleurait ; ses larmes coulaient jusqu’à
atteindre la poussière. Une fois tous les pèlerins partis, je lui ai dit : ‘O
Abû Mohammad ! Je n’ai jamais vu une conduite qui serait meilleure que la tienne’.
Il m’a répondu : ‘Par Dieu ! Je ne L’ai invoqué que pour mes amis, car Abû al-Hassan,
Moussa Ibn Ja’far (Que la Paix de Dieu
soit sur lui), m’a appris qu’une voix émane du Trône pour dire
à celui qui invoque Dieu pour son ami en son absence : ‘c’est entendu. Quant à
toi, tu auras sa part multipliée par cent mille !’. J’ai donc eu peur
d’abandonner cent mille récompenses garanties pour une seule invocation que je
ne sais pas si elle sera exaucée ou non’ »
(7).
Cet intérêt porté aux amis croyants en leur absence, à leurs problèmes, à leurs
souffrances, à leurs aspirations, à leurs désirs et à leurs rêves, témoigne pour
l’homme croyant du lien solide qui l’attache à ses amis croyants. Il vit leurs
soucis quotidiens comme s’ils étaient les siens propres, et cela approfondit en
lui le sentiment d’amour qui reflète l’expérience spirituelle de la conduite
qu’est l’invocation… Lorsque cet outil pratique spirituel se transforme en un
mode de vie dans l’existence des croyants, lorsque ses conséquences positives
entrent en interaction au niveau de leurs sentiments, cela équivaut à un pacte,
à un contrat, non écrit, qui est de nature spirituelle fondée sur la foi où
chaque croyant vit l’engagement dévotionnel représenté par l’invocation. Ce
contrat est un engagement de la part de l’homme de foi selon lequel il vit les
soucis de son ami, le croyant, comme étant des soucis concrets dans sa propre
vie. Il transforme ainsi le mouvement de ses sentiments en un mouvement concret
dans la vie à travers le soutien qu’il apporte à son frère le croyant.
Si la Tradition confirme la réalité de la grande et exceptionnelle récompense
qu’obtiendra celui qui invoque Dieu pour ses amis croyants en leur absence, elle
signale en même temps la grande valeur, aux yeux de l’islam, de cette conduite
cultuelle et sa place éminente dans la pratique générale de l’invocation dans la
vie de l’homme croyant.
A la lumière de cette question, et après nous être rendus compte de l’importance
que les Imams (Que la Paix de Dieu soit
sur eux) accordaient au concept d’invocation dans la raison et
la conscience de l’homme musulman, concept qui cumule dans ses profondeurs
l’authenticité des concepts islamiques, nous signalons beaucoup d’expressions et
de mots que les gens sont habitués à répéter dans leurs invocations, dans leurs
propos ou dans les discours qu’ils prononcent lors de leurs visites aux
sanctuaires des Imams (Que la Paix de
Dieu soit sur eux). Il s’agit de propos peu fondés dont le sens
apparent véhicule des concepts qui ne sont pas consciemment voulus par les
locuteurs car, sous leurs formes apparentes, ils ne s’accordent pas avec les
fondements doctrinaux des concepts islamiques. Pourtant, certains insistent à
les maintenir dans l’usage coutumier des invocations et des visites et cela leur
permet de circuler librement et de s’introduire dans les esprits de certaines
personnes hostiles au chiisme et aux Chiites qui les retiennent et se fondent
sur elles pour semer le doute en ce qui concerne le dogme qu’ils se hâtent de
classer dans les catégories de la déviance et de l’extrémisme.
Nous citons, par exemple, l’invocation dite de « al-Faraj » (la délivrance) et
qui se termine par ces mots : « Seigneur ! Délivre-nous par leur grâce d’une
délivrance rapide et proche, à la vitesse de la vue ou plus ! O Allah, ô Allah,
ô Allah, ô Mohammad, ô ‘Alî, ô ‘Alî, ô Mohammad, protégez-moi, vous les deux,
vous suffisez à me protéger ; assistez-moi, vous les deux, vous êtes capables
d’assister ».
Y a-t-il dans le sens
apparent de ces propos quelque chose qui inspire autre chose qu’une
sollicitation adressée au Prophète (Que
la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) et à l’Imam
(Que la Paix de Dieu soit sur lui)
au lieu de l’être à Dieu ? Comment le Prophète
(Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa
famille) ou l’Imam (Que
la Paix de Dieu soit sur lui) pourraient-ils nous protéger et
assister si ce n’est pas Dieu qui le veut et qui le fait ? Nous affirmons que le
sens de ces propos n’est autre que prendre le Prophète
(Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) et l’Imam
(Que la Paix de Dieu soit sur lui) en
intercesseurs auprès de Dieu Auquel on demande protection et assistance. Mais
les propos donnent l’illusion que le sens est autre.
Pourquoi donc maintenir cette invocation dans l’usage populaire qui peut
renforcer dans l’esprit une croyance peu claire, surtout que ce texte n’est pas
confirmé comme ayant émané du Prophète (Que
la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) ou d’un Imam
infaillible ?
Le rapport de l’Imam au Coran
En nous penchant sur la vie de l’Imam al-Qazem, nous apprenons qu’il était le
meilleur de ceux qui récitaient le Coran. En le récitant, il le faisait d’une
belle voix qui attendrissait ceux qui l’écoutaient. C’est peut-être parce que la
belle voix donne au mot coranique une concrétisation telle qu’il remplit la
raison de l’homme et son cœur. Le mot ainsi récité va plus profondément dans
l’âme que le mot qu’on lit sous sa forme écrite. Et c’est pour cette raison que
Dieu a dit : ((Et récite avec soin le Coran))
(Coran LXXIII, 4). Il a dit aussi : ((Et
nous l’avons fait réciter avec soin)) (Coran XXV, 32).
Et c’est pour cette raison
qu’on a dit de l’Imam al-Qazem (Que la
Paix de Dieu soit sur lui) « qu’il était le meilleur parmi
ceux qui récitaient le Coran. Il le récitait avec tristesse et il pleurait. Ceux
qui l’écoutaient étaient pris de tristesse et ils pleuraient. Il pleurait par
crainte de Dieu au point de couvrir sa barbe de ses larmes »
(8).
(1)-
Manaqib Ibn Abû Shahrâshûb, tome II, page 397.
(2)- Al-Fadl ibn ar-Rabî’ Ibn Yûnus, il était le
chambellan de Hârûn ar-Rashîd et, après lui, de son fils al-Amîn qui le traitait
avec beaucoup d’égards. Târîkh Bagdâd, tome XII, p. 343
(3)- Les « Amâlî » (textes dictés) de as-Sadûq, p.
146.
(4)- le « Târîkh » (l’Histoire) de Abû al-Fidâ’,
tome III, p. 13.
(5)- Al-Mufîd, « al-Irshâd », p. 231.
(6)- Al-Kulaynî, « al-Kâfî » (le Suffisant), tome
III, p. 555.
(7)- Ibid, tome II, p. 508.
(8)- Al-Majlissî, « Bihâr al-Anwâr » (les Mers de
Lumières), tome XLVIII, p. 106.