Hormis cet ensemble complexe que constitue son corps physique, l'Homme possède une vaste série d'activités vitales qui ne se réduisent jamais aux mécanismes organiques.
Pour la connaissance de ce domaine métaphysique il faut enquêter dans son fond psychologique pour entrevoir au-delà de ses activités physiologiq ues les larges horizons de la structure de la nature humaine, et les manifestations les plus sublimes de ses sentiments et instincts.
Il existe en l'Homme certaines formes de perception spécifiques inhérentes à sa nature, qui ne dépendent d'aucun agent extérieur.
Avant que l'Homme naturel n'entre sur la scène de la science et de ses débats, il pouvait en se servant de ses potentialités innées, connaître les réalités. Mais quand il foule le domaine scientifique et philosophique et que son esprit s'encombre de différentes preuves et arguments, il se peut que son pouvoir inné s'étiole et se perde dans l'oubli, ou qu'il vienne à douter de sa validité. C'est pourquoi nous voyons que les divergences surgissent entre les Hommes qu'ils écartent leur nature primordiale de la connaissance de la foi.
Dans ses manifestations initiales, l'attraction pour la religion et la foi prend sa source dans les motivations instinctives et les perceptions inhérentes, puis elle croît et se développe par la raison et la pensée. Les racines du sens primordiale sont à ce point profondes et en même temps manifestes et claires que si un Homme lavait son esprit et son âme de toute pensée et imagination anti-religieuse et qu'il se concentrait sur soi-même et l'univers, il réaliserait parfaitement qu'il se dirige aux côtés des autres créatures, vers un même objectif.
Sans qu'il l'ait voulu ou souhaité, il a commencé à vivre. Puis encore sans le vouloir, il s'est dirigé vers une destination inconnue.
Et c'est une réalité qu'il observe, avec une méthode et un ordre précis, chez toutes les créatures.
En examinant les conditions qui l'entourent un Homme clairvoyant éprouvera mieux l'existence d'une force immense régissant le monde et lui-même.
Il découvre l'existence de la science, de la force et de la volonté en lui-même qui n'est qu'un élément infiniment petit de l'univers infiniment grand. Il se demande alors: "Pourquoi l'univers ne serait-il pas doté de science, de force et de volonté, comme l'Homme?"
Bref, ce qui nous oblige à croire en l'existence d'un ordonnateur de l'univers, du commandement et de la prédestination duquel dépend tout ordre, c'est cette même règle et ce mouvement continu, minutieusement prédéterminée. Car on ne peut expliquer cela autrement que par une volonté agissante.
Quand l'Homme évalue sa situation dans le monde, il se rend compte qu'une force invisible et inconnaissable l'a créé, l'a doté du mouvement et le fera disparaître quand elle voudra, sans le consulter ni demander son aide.
Il s'agit là d'un jugement naturel et inné (de la Fitrat), car nulle part et jamais on n'a vu un Homme conçu sans concepteur, ni agissant sans Agent.
La recherche de la relation de cause à effet est une opération d'origine intérieure. Et puisqu'on ne peut extirper de l'Homme la loi de la causalité, le sens religieux et la quête du créateur sont indissociables de son âme.
Même l'enfant qui n'a encore rien vu du monde détourne son regard vers la source du bruit qu'il entend ou du mouvement qu'il perçoit.
La vie pratique et les fondements scientifiques reposent aussi sur l'acceptation d'une cause à tout effet.
La règle de la causalité est à ce point générale qu'elle n'admet d'exception en aucun cas.
Toutes les disciplines, la géologie, la physique, la chimie, la sociologie et l'économie, etc... consistent en l'examen des phénomènes, pour en déduire les causes et les effets et en diagnostiquer les relations. Ainsi, il est clair que la science ne consiste en rien d'autre qu'en la recherche des causes, et que l'ensemble des progrès de l'humanité est le fruit de l'effort soutenu des savants pour connaître les causes des phénomènes.
S'il nous était possible de présenter, en exemple, quelque part dans le monde, ou dans une créature quelconque, un cas de création spontanée absolue, nous serions en droit de généraliser à d'autres cas cet exemple.
Certes, il n'est pas nécessaire que la loi de causalité se présente à nos yeux dans sa forme ordinaire. Car la variété des causes est telle qu'il se peut que le chercheur n'ait pas la capacité de les discerner toutes dans le cas d'un incident donné. Mais dans aucun cas, partiel ou total, de nos jours comme dans le passé, un point fortuit ne peut ëtre trouvé, que ce soit au plan individuel ou social.
Quand les sciences expérimentales démontrent que toutes les voies sont fermés à la génération spontanée des éléments de la nature, quand toutes nos expériences, nos sens, nos déductions parviennent à cette conclusion que rien dans la nature ne se produit sans agent et cause, et que tous les évènements reposent sur un ordre fixé et des lois déterminées, il est surprenant de voir certains tourner le dos aux lois scientifiques, aux jugements élémentaires, et aux observations étayées par la raison, et nier l'existence d'un créateur.
En d'autres termes, on peut considérer la nature primordiale (Fitrat) comme l'instinct animal qui aurait évolué et atteint la perfection, et qui se serait émancipé des limites qui le retenaient, de façon à ce qu'il puisse percer le mur du monde sensible et embrasser les secrets de l'inconnu.
Tout jugement et sentiment émanant du for intérieur des Hommes, et non d'un système de croyance ou d'éducation sociale particulier, fait partie de la nature primordiale, et ne diffère pas de l'amour de soi, de la relation avec l'Existence et des autres instincts humains, quant à l'authenticité et à l'universalité. Mais l'éducation et les facteurs du milieu environnant constituent des obstacles à la réalisation et à l'épanouissement de la nature primordiale.
Walter Oscar lindberg, physiologiste et savant réputé dit:
Les recherches scientifiques de certains savants n'aboutissent pas à la compréhension de l'existence d'Allah à plusieurs raisons, dont l'oppression politique ou certaines situations sociales.
Par conséquent, ce qui procède d'un principe instinctuel est esthétiquement semblable aux beautés naturelles. Et ceux qui sont restés libres tout au long de l'itinéraire originel de la création; et ne sont pas devenus prisonniers de leurs habitudes, et dont la nature n'a pas été altérée par les terminologies et les concepts, perçoivent mieux l'appel intérieur.
On trouve moins d'irréligieux parmi ces derniers que parmi les autres catégories d'Hommes. Si quelqu'un leur disait que ce monde n'a pas de but et qu'il est accidentel même s'il prenait soin de garnir ses paroles d'un couvert philosophique, il n'obtiendrait aucune adhésion de leur part, parce qu'ils rejettent instinctivement de telles assertions.
Quand à ceux qui sont familiers des modes de pensée scientifiques, il est possible qu'un tel discours, attirant par son étiquette conceptuelle, jette le doute et l'hésitation dans leur esprit.
Un savoir limité est trompeur, comme des verres multicolores placés devant l'esprit et la nature innée. Ceux qui possèdent un tel savoir voient le monde d'après la couleur de leur science, de leur art et de leur culture, et s'imaginent que toutes les réalités sont comme ils se les représentent à travers leurs oeillères.
Evidemment, il ne s'agit pas de faire cesser tout progrès sous prétexte qu'il faudrait éviter les déviations, mais plutôt de ne pas se laisser abuser par le savoir et la technologie que l'on maîtrise.
Beaucoup, en effet ne progressent pas. Ils sont incapable de se servir de leur connaissance comme une échelle pour s'élever intellectuellement, et deviennent prisonniers du cadre étroit de leur savoir acquis et le leurs terminologies et conceptions.
La nature originelle vient aussi au secours de l'Homme quand elle perçoit un danger; quand il est aux prises avec des contraintes sévères et de sérieuses difficultés, et qu'il est cerné de toutes parts par les facteurs matérielles, et qu'il n'est en mesure d'accomplir aucune action, noyé dans les tourments, devenu la proie des évènements, au point d'être à un pas de la mort, c'est alors que ce même agent intérieur le guide et le conduit vers un appui immatériel. Il entre en contact avec une puissance qui est au - dessus de toutes les puissances. Il réalise ensuite que cet Etre Clément et Tout - puissant peut lui tendre la main et venir à son secours, énergiquement; et c'est pourquoi, il l'implore pour le tirer du danger, rassuré en son coeur qu'Il a le pouvoir de le sauver.
Même les puissants tyrans matérialistes, qui ignorent la souveraineté et la puissance infinies d'Allah, oublient tout ce que leur milieu et leurs doctrines athées leur ont enseigné en matière de religion, dès qu'ils sentent l'imminence du danger et voient que l'étau se resserre autour d'eux et jurent du fond de leur coeur qu'ils acceptent un principe créateur, source de tout pouvoir.
L'histoire est riche en exemple de personnes dont le miroir de la nature primordiale a été nettoyé de ses impuretés par des épreuves dures et pénibles, et qui du fond de leur âme ont appelé le Créateur sans égal.
Diderot qui est l'un des grands philosophes matérialistes francais, a écrit en conclusion d'un ouvrage consacré au principe de la matière et du matérialisme, des phrases où il invoque le Créateur et lui demande pardon, phrases qui lui ont été inspirées par une réaction de sa nature primordiale et de sa conscience:
"Mon Allah! J'ai commencé mon propos par la nature que les croyants pensent être Ton oeuvre, et je finis par Toi que les gens de la Terre appellent "Allah". Mon Allah, je suppose que Tu existes, que Tu es témoin de mon état, et conscient de mon for intérieur. Si j'apprends que dans le passé j'ai agi contre Ton commandement et contre ma raison, j'en serai navré et je le regretterai. Mais je suis serein pour l'avenir, car il suffit que je reconnaisse mon péché pour que Tu le pardonnes.
Dans ce monde, je ne Te demande rien, car ce qui doit y être, y est, soit par Ton commandement soit par la loi de la nature. Mais s'il y a un autre monde, j'y attends de Toi une récompense, bien qu'ici-bas ce que j'ai fait je l'ai fait pour moi-même."
Outre les sources intérieures se trouvant en l'Homme et l'aidant à bien saisir les réalités pour qu'il puisse choisir sa voie dans l'entière liberté et loin de tous les préjugés, contraintes et impositions, il doit y avoir un facteur d'orientation externe à lui, pour renforcer sa nature et son intelligence, pour maîtriser les éléments de rebellion et les extrêmistes, et préserver aussi l'esprit et la nature de toute déviation, et la sauvegarder contre toute adoration et soumission aux fausses idôles.
Les prophètes ont été suscités pour orienter l'Homme vers le sens sublime de sa nature primordiale, canaliser son penchant pour Allah dans une voie juste, et promouvoir ses aspirations supérieures.
Cette orientation et cette canalisation ne visent nullement à éteindre en lui la flamme de sa volonté créatrice, ni à lui retrancher sa liberté, sa faculté de penser et son libre arbitre, mais constituent plutôt une sorte de soutien aux penchants et motivations positifs, dans la voie du développement et de la perfection, et de l'émancipation de toutes les chaînes, pour que les potentialités innées s'épanouissent et soient utilisées au mieux.
Les premiers à répondre à l'appel des prophètes étaient les Hommes purs de coeur et de conscience; alors que rejoignaient les rangs de leurs opposants ceux qui s'appuyaient sur leur richesse et leur puissance éphémères, ou qui s'enorgueillissaient de leur savoir méprisable, de leur esprit impuissant et pollué par les illusions, de sorte que ce même orgueil et ces mêmes prétentions devenaient un obstacle à l'éclosion de leurs aptitudes et de leurs facultés sublimes.
"La loi de l'offre et de la demande existe aussi en matière de valeurs morales. S'il n'y avait pas de demande religieuse dans la nature des Hommes, l'offre des prophètes aurait été vaine.
Et d'autre part, le fait que l'offre des prophètes a trouvé des acquéreurs, et que leurs conceptions authentiques et fructueuses aient trouvé une si large audience, prouve que la demande en religion est ancrée au fond de l'Homme."
En principe, la base de la prédication des prophètes était plutôt un appel au monothéisme, qu'une démonstration de l'existence d'Allah. Ils réfutaient l'adoration des idôles, du soleil, de la lune, des étoiles etc... pour que leur soif spirituelle inhérente ne soit pas étanchée par de fausses divinités, et que les Hommes cherchent plutôt à réaliser les objectifs et les valeurs dans la quête d'Allah réel, loin de toute déviation, et sur la voie de la perfection infinie, qu'ils se hâtent dans leur course ininterrompue vers la source de toutes les valeurs et de toutes les vertus, pour parvenir enfin à leurs aspirations.
Farid Wajdi, auteur d'une encyclopédie, cite cette parole de Jean-Jacques Rousseau à propos du principe de l'existence:
"Plus j'approfondis mon regard sur les évènements que créent la force de la nature, et ce qui survient comme conséquence de ces évènements, et plus je médite sur la qualité des influences réciproques des uns sur les autres, j'acquiers la certitude qu'il faut bien une cause permière à la volonté.
Par conséquent, c'est Sa volonté à lui, Allah, qui meut l'existence, et qui fait revivre les morts. Mais vous direz! Où est-Il? En réponse je dirai: Il existe, dans les cieux auxquels il a imprimé le mouvement, dans les étoiles qu'Il pourvoit en lumière. Il n'est pas seulement en moi, mais aussi dans le troupeau qui paît, dans l'oiseau qui vole, dans la pierre qui tombe, dans la feuille de l'arbre que le vent emporte çà et là; Il est partout.
* LARI, Moussaoui, Dieu et Ses Attributs, Édité près: Foundation of Islamic C.P.W.