La méthode de l'apprentissage d'al-Sadiq
et les discussions de celui-ci qui poussent souvent vers l’évidence n'étaient
pas semblables à ce que nous trouvons aujourd'hui dans les centres islamiques de
théologie. Ses étudiants, à l'exception de certains d'entre eux, croyaient en
son Imamat. Les Imamis, faudrait-il le rappeler, croient que la connaissance de
l'Imam ne dépend pas de l'idée et de l'ijtihad (la capacité d'émettre un verdict
conformément à la loi islamique).
Ainsi, l'Imam était interrogé sur la référence. Or, sa connaissance en quelque
sorte héréditaire et divine, il était parfois et cependant question sur la
raison des règles qu’il proposait ; ses questions visaient plutôt
l'apprentissage et l'avantage, et non pas vraiment la discussion.
Les non-Imamis étaient eux aussi parmi ceux qui se formaient auprès d’al-Sadiq,
parce qu'ils croyaient à sa grandeur, à son excellence, et à son imamat. Ils
considéraient cet apprentissage comme une sorte de la vertu. C’est en effet à
lui qu’Ibin Abu al-Hadid a attribué la connaissance des quatre doctrines
morales.
Le questionneur venait voir al-Sadiq pour l'interroger sur des problèmes
difficiles qu'il rencontrait. La plupart des étudiants d'Al-Sadiq apportaient
toujours des lots de papiers et de l’encre afin d'écrire ce qu’al-Sadiq leur
dictait, et transmettre donc avec soin tout ce qu’ils enregistraient.
Si l’on veut connaître le degré de connaissance d’al-Sadiq, il faudrait en fait
penser au grand nombre de ceux qui ont été formé par lui. On compte plus de
quatre mille élèves. Pourquoi ont-ils tous cité al-Sadiq et non pas quelqu’un
d'autre que lui, alors qu’il y avait de nombreux autres chercheurs à l’époque ?
L'Imam al-Sadiq, de l'école de qui ce grand nombre d’élèves ont été diplômé,
n’enseignait point les sciences pour la réputation ni pour la vantardise et
l'honneur. Ses élèves apprenaient les sciences pour servir finalement la
religion et la loi islamique. Celui qui gâchait ces objectifs, al-Sadiq ne
tardait pas à le renvoyer de son école.
Al-Sadiq proposait de divers enseignements, leçons et conseils. Ce qui suit, ce
sont des enseignements, des leçons et des conseils qui étaient destinés aux
élèves.
Amrou bin al-Muqdam a dit: « Quand je me
suis rendu chez lui pour la première fois, Abou Abd Allah, que la paix soit sur
lui, m'a dit: "Connais la véracité avant le discours ». Et du coup je me
suis bien dit combien ce conseil est précieux !
Il (al-Sadiq) conseillait à ses disciples d'adopter la véracité et de mettre en
place la vérité par suite. Ce sont des choses qui ne sont pas négligeables et
peuvent aider une personne à vivre heureux dans ce monde, à être riche et
célèbre. Et les gens vont lui faire confiance et le consulter dans les jugements
parmi eux-mêmes.
En ce qui concerne la recherche de connaissances, al-Sadiq a de nombreuses
directions. Il dit parfois: «Je voudrais voir les jeunes gens dans ces deux
états: enseignant ou enseigné. Si jamais un jeune ne se trouve pas dans l’un de
ces états, il perdra (son temps), et s'il (le) perd, il commet un péché ».
Et il disait aussi: «Cherchez la connaissance et emparez-vous d’elle avec
clémence et respect."
Al-Sadiq non seulement exhortait
ses étudiants à rechercher la connaissance, mais aussi les encourageait à
adopter la clémence et la gravité. En ce qui concerne la modestie, il dit: «Soyez
humbles devant celui à qui vous fournissez le savoir; soyez de même humbles
devant celui qui fournit le savoir que vous cherchez, ne soyez pas des hautains
savants, oui, votre fausseté supprimerait votre droit.»
Je (l'auteur) me dis : Comme ce conseil est exacte! Et combien il convient à un
enseignement de haut niveau! C'est parce que la connaissance ne peut servir à
celui qui la maintien ou aux autres sauf si elle est accompagnée de la modestie,
sans tenir compte que la personne qui maintient la connaissance est un
enseignant ou un apprenant. Et comme les hommes abandonnent la personne
hautaine, l’orgueil enlève le droit de celle-ci.
En s’adressant à ceux qui cherchent la
connaissance, al-Sadiq, que la paix soit sur lui, dit: «Et ne cherchez
surtout pas la connaissance pour ces trois (motifs): pour la dissimuler, pour
s’en vanter et pour la contester».
Je (l'auteur) dis: En effet, al-Sadiq, que la paix soit sur lui, voulait
chercher la connaissance pour la connaissance et pour le bien du pays. Si la
personne cherche la connaissance pour l'hypocrisie ou pour se vanter, il ne sera
utile ni pour lui-même ni pour les autres. Plutôt, il nuira à lui-même et aux
autres. Et si la personne néglige la connaissance par l'ignorance et par
l'abstention, il montre ainsi sa sottise. Les gens ne servent pas de leur
connaissance, sauf s’ils la distribuent.
Parce que la connaissance est très précieuse, al-Sadiq invite les gens à la
chercher à tout prix. À cet égard, il a dit: «Cherchez la connaissance, même
si vous êtes obligés de sacrifier vos cœurs ».
Comme la connaissance peut être maintenue entre les mains des personnes
différentes, al-Sadiq empêche donc ses élèves de la cherchez auprès des
personnes inappropriées. Il, que la paix soit sur lui, dit: «Cherchez la
connaissance de sa source et méfiez-vous de ceux qui empiètent sur la
connaissance, car ils vous éloignent d'Allah.»
Je (l'auteur) dis : Nous voyons de nos propres yeux que l'apprenant adopte les
pensées de son maître. Donc, si l'enseignant est dévié de ce qui est juste, il
va certainement mettre son élève aussi dans l’erreur. Et si l'enseignant est
juste, il dirigera son élève à la justice. C'est parce que l'élève imite son
enseignant par la nature.