Avant que la bataille ne s'engage, l'Imam al-Hussein essaya une dernière fois de
raisonner les assaillants, dans l'espoir d'éviter à ceux qui ne se seraient pas
rendu compte de la gravité de ce qu'ils allaient faire, de participer à un crime
et un péché impardonnables. Il leur rappela les milliers de messages que les
leurs lui avaient envoyés pour l'inviter à venir en Iraq et lui prêter serment
d'allégeance, pour défendre à ses côtés le Message de l'Islam. Mais ses discours
furent vains. Ses appels pathétiques ne furent pas entendus par ces hommes épris
d'argent et assoiffés de pouvoir.
L'Imam al-Hussein ne désespéra pas. Il fit avancer encore un peu son cheval,
plus près de l'armée omayyade. Il leva le Saint Coran et dit :
" Soldats de Yazid ! Nous avons en commun le Livre de Dieu et la Sounna de mon grand-père, le Messager de Dieu !" .
Personne ne réagit.
Il insista : " Ne voyez-vous pas que je
porte l'épée du Messager de Dieu, son vêtement de guerre, et son propre turban ?
- Oui, nous voyons cela.
- Pourquoi donc alors voulez-vous me combattre ?
Pour obéir aux ordres de notre Maître, Obeidoullah fils de Ziyad !
Alors l'Imam al-Hussein s'adressa à Omar fils de Saad, le commandant de l'armée
de Yazid :
" Omar ! Tu veux me tuer pour que celui qui a usurpé le Califat te
nomme Gouverneur de la moitié de la Perse. Par Dieu ! Tu n'auras pas ce plaisir.
Fais-moi ce que tu comptes me faire. Mais je te jure que jamais après ma mort tu
ne connaîtras de joie, ni dans ce monde, ni dans l'autre ! Je vois ta tête
attachée à un bâton, et les enfants de Koufa jouant avec...
Exaspéré par cette prédiction, Omar fils de Saad tourna les talons. Il prit son
arc, y plaça une flèche et tira, en criant :
" Soyez tous témoins que je suis le premier à avoir tiré !