Le Ghayb c’est ce qui est caché derrière un voile, c’est-à-dire, ce qui est
absent par rapport à nos sens, et ce qui sort de la sphère de notre perception.
Le mot Ghayb figure plusieurs fois dans le Noble Coran. Tantôt, il figure tout
seul, comme lorsque Dieu, le Très-Haut dit:
"
Ceux qui croient au Ghayb... sont les bien dirigés par leur Seigneur et ceux qui
réussiront "(Coran, 2/3-5)
Ou lorsqu’Il (Swt) dit:
" Il (Dieu)
possède les clés du Ghayb que Lui seul connaît parfaitement "
(Coran, 6/59)
Et tantôt, il figure face au mot Shahâdat, comme lorsqu’IL (Swt) dit:
" Dieu connaît
le ghayb (ce qui est caché) et le shahâdat (ce qui est apparent) "
(Coran 6/73)
Ces versets coraniques ont été d’une grande importance pour les philosophes
musulmans qui ont désigné la nature matérielle par ‘âlam ash-shahâdah (le monde
apparent), et ‘âlam al-ghayb (le monde caché ).
La littérature mystique a parlé du Ghayb, et cela avec un bonheur d’expression
qui abonde dans la poésie de Hâfez, Khayyâm, Mawlawi et Sa‘di... La croyance à
l’existence du monde apparent (âlam ash-shahâdat) repose sur nos sens. On n'a
pas donc besoin d’un guide pour apprendre à croire à ce monde. Le guide peut
seulement expliquer les méthodes de recherche nécessaires à l‘obtention d’une
plus grande connaissance des vérités de ce monde.
On ne peut parvenir à la croyance au monde caché (‘âlam al-ghayb) à partir de
nos sens. Là où ceux-ci s'arrêtent, la raison, prolongement du ghayb dans notre
existence, commence à tenter la connaissance de ce monde inconnu. On peut même
dire que cette tâche demanderait une faculté plus mystérieuse que la raison.
Les prophètes sont les guides qui nous dirigent vers la connaissance du monde
caché. Ils sont envoyés pour appeler les humains à croire en ce monde, et en ce
qui existe au-delà des apparences que nous présentent nos sens. Ils sont envoyés
en tant que moyens de communication entre le monde caché et les humains: ils
leur apportent l’assistance de ce monde, dans des conditions et des
circonstances particulières...
Les prophètes ne se sont pas contentés d’appeler les humains à croire au monde
caché. Ils ont essayé de les lier à ce monde, et c’est là que commence la
relation pratique entre la vie humaine et le Ghayb.
Le voile du Ghayb
Nous avons dit que le Ghayb est ce qui est caché ... derrière un voile.
Qu’est-ce que ce voile qui nous empêche de voir? Est-il, en réalité, un voile
qu’il faut enlever pour pouvoir voir et connaître?
S’agit-il d une métaphore à travers laquelle s'expriment d’autres réalités?
En parlant de la Résurrection, le Noble Coran offre des synonymes du mot sitâr
équivalant à des mots français tel que voile ou couverture.
" Tu étais
inattentif à cela: Nous avons été ton voile (ghitâ’), et voici qu’aujourd’hui ta
vue perçante " (Coran, 50/22)
Le Commandeur des croyants, Ali (Psl) dit dan l’un de ses discours:
" Même si le voile (ghitâ’) était enlevé devant moi, ma certitude
n’augmenterait en rien. Ce voile n’est certainement pas une matière sensible: il
marque la limite que notre perception ne peut pas franchir "
Mortaza Motahary / Traduit par Akil Sheikh Hussein / Révisé et réédité par : Abbas Ahmad al-Bostani