Le problème
Lorsqu’on est très attentif sur l’écran, on rigidifie sa posture. Les tendons et
les muscles se mettent en tension. Or, les mauvaises postures et la fatigue
oculaire sont à l’origine de contractures et d’inflammations au niveau du
poignet, du cou ou des épaules qui peuvent dégénérer en tendinites si elles ne
sont pas soignées.
Responsable ainsi de fatigue des yeux et de problèmes articulaires, le travail
sur écran se voit accuser de nouveaux méfaits. Un cas de phlébite compliquée
d'embolie pulmonaire a été observé chez un trentenaire qui n'avait d'autre tort
que de travailler plus de 12 heures par jour sur son ordinateur.
Fans de surf, attention à l' "e-thrombose" !
L'équipe du Dr Richard Beasley de l'Institut médical de la recherche Malaghan de
Nouvelle-Zélande vient de rapporter un "accident" tout à fait inhabituel. Après
avoir perdu connaissance, un homme de 32 ans a dû être hospitalisé en urgence
quelques semaines après avoir présenté un gonflement du mollet.
Facteur en cause
: la migration dans la circulation pulmonaire d'un énorme caillot
développé dans l'une des veines de la jambe (phlébite). L'homme a survécu après
prise d'anticoagulants, ce qui a permis de dissoudre le caillot.
Plus fréquent que le syndrome de la classe économique ?
Fort curieusement, aucun motif évident n'expliquait la formation de
cette phlébite à l'origine d'une embolie pulmonaire. Mais notre homme
travaillait plus de la moitié de la journée sur son ordinateur et ce, souvent
sans se lever. Bien qu'aucun cas de ce type n'ait encore été décrit, le Dr
Richard Beasley estime que les embolies pulmonaires et les phlébites associées
au travail sur ordinateur seraient loin d'être anecdotiques. Malgré son
retentissement médiatique, le fameux syndrome de la classe économique toucherait
moins de personnes, le travail sur ordinateur étant plus répandu que les vols
long courrier. Les causes seraient d'ailleurs similaires dans les deux cas : une
immobilisation prolongée.
Les solutions
- Ne pas rester inactif : Président du groupe thrombose de la Société
française de cardiologie, le Dr Luc Maillard de la Clinique Axium (Aix en
Provence) n'est pas étonné par un tel phénomène. Même s'il n'en a pas lui-même
vu, il admet que "cette observation est un équivalent du syndrome de la classe
économique des vols aériens. Une immobilisation prolongée constitue un facteur
favorisant de phlébite notamment s'il existe des troubles de la coagulation
associés, en particulier familiaux". Pour éviter ce risque, ce spécialiste
recommande aux personnes travaillant sur ordinateur :
- De respecter des pauses toutes les deux heures.
- De faire quelques pas.
- De boire un verre d'eau car la déshydratation majore la survenue de phlébite.
- D'éviter de rester confiné trop longtemps dans un endroit surchauffé.
- De rechercher devant une telle complication l'existence d'anomalies de la
coagulation sanguine (déficit en antithrombine III).
- D'autre part, d'avoir un écran de bonne qualité et bien placé. Dans la pièce
d’abord, pour bénéficier d’un bon contraste et éviter les reflets. L’écran est
placé sur le bureau de façon à ce que des fenêtres soient situées sur le côté,
ni devant, ni derrière l’écran. Si c’est impossible, il faut utiliser des stores
ou des rideaux. Face à soi ensuite, et dans l’axe du regard sans devoir lever
les yeux et la tête pour éviter les cervicalgies. Les yeux ne se fatiguent pas
quand ils regardent à l’horizontale ou un peu vers le bas. Le clavier est sous
le niveau des coudes pour prévenir les contractures des trapèzes et les
inflammations de l’épaule.
-D'être confortablement installé. Le dos est droit, le cou dans son alignement.
Les bras ne sont pas en extension et les poignets reposent à plat sur le bureau,
10 cm au moins sont nécessaires entre la barre d’espacement du clavier et le
bord de la table. Les mains sont dans le prolongement des épaules. La souris est
facile à atteindre.
Bon à savoir: les meubles avec une tirette destinée au clavier sont inadaptés
d’un point de vue physiologique, car les avant-bras sont en l’air.
- De bénéficier d’un logiciel adapté à son activité. Les temps d’attente et les
erreurs informatiques augmentent le niveau de stress et les contractures
musculaires.
- De quitter régulièrement l’écran des yeux. Regarder n’importe où dans la pièce
pour réduire le risque de sécheresse et de fatigue oculaires. Quand la tête est
fixe alors que les yeux bougent, les récepteurs situés sur les globes oculaires
envoient des informations que le cerveau a du mal à interpréter. Cette situation
provoque des contractures musculaires.
Pour le professeur Joseph Emmerich, spécialiste de médecine vasculaire à l'Hôpital européen Georges Pompidou de Paris, le danger existe probablement. Travailler devant un ordinateur présente le même risque que de rester assis en avion pendant 10 heures. Mais selon lui, "le risque absolu reste vraisemblablement très faible, et ne justifie pas de faire un procès à IBM ou à Microsoft !".